I don't want it to hurt, I want to be there, but it's so hard.

Un rendez-vous avec Hope. Hope, ma belle-soeur, ou plus ou moins. Enfin, elle n'est pas encore mariée à Finn, donc je ne crois pas que le mot puisse compter... Enfin, c'est une autre histoire. Disons que je l'aime bien, malgré des débuts difficiles. Mais je ne veux pas vraiment y aller. Je préférerais rester cloitré dans ma cabine, dans les bras de Blaine. Ou n'importe ou loin d'elle. C'est une amie, on peut dire ça. Mais la voir me fait du mal ces derniers temps. Ça me rappelle juste tout ce que je ne pourrais jamais avoir. Je tente de le cacher, de faire comme si de rien n'était, mais c'est quand même difficile. Et je n'en décroche pas un mot à Blaine non plus. De toute façon aucune parole ne pourrait me soulager même venant de lui. J'ai beau en crever d'envie moi, d'avoir une famille, de faire ma vie avec lui, je sais que ce ne sera pas possible. Et puis je ne sais même pas s'il en veut lui. Après tout, il n'a rien fait encore pour qu'on officialise. Pas de demande en mariage ou quoi que ce soit de ce genre, alors que ça fait plus de six ans que nous sommes ensemble. Je ne sais pas, voir cette fille me fait du mal, parce que ça me rappelle tout ce que je n'aurais jamais, et qu'elle a. Je ne vois pas en quoi elle, ou n'importe qui le mériterait plus que moi...
Mais j'y vais, parce qu'après tout Finn m'en voudrait sinon, croyant que je la snobe, comme je l'ai fait un moment, voyant par qui il avait remplacé Rachel. Mais c'est une longue histoire. Alors je me change pour un ensemble totalement blanc, et une écharpe de la même couleur, on dira de quoi me faire remarquer, mais je suis comme ça, avant d'embrasser mon Blaine et de quitter notre cabine, rejoindre la demoiselle, plaquant un sourire forcé sur mes lèvres. Je lui fait la bise, avant de m'installer en face d'elle, remarquant son ventre, encore, et ce magazine qu'elle lit. Un crève cœur.« Salut ! Alors, vous êtes bien installés avec Finn ? Et... Toi, ça va toujours ? » Je comptais demander de ses nouvelles, sur la grossesse, mais ma voix s'est brisée, sans raison apparente. Je ne veux pas qu'elle comprenne. C'est un mal-être que je ne peux pas partager, c'est tout. Alors autant essayer de m'amuser un peu ce soir, de passer outre ce bébé qu'elle porte. « Dis-moi, tu prends quoi ici ? Je présume qu'ils ont des cocktails sans alcool... » Qu'elle mentionne une seule fois de l'alcool, ou n'importe quelle femme enceinte et je serais capable de la frapper. Vraiment, tout ça pourrait faire du mal au bébé, et quand on a la chance de pouvoir en porter un, autant y faire attention...

I don't want it to hurt, I want to be there, but it's so hard.

Si nous allons bien... Elle retourne la question avec un sourire. Et je ne peux que lui répondre. Simplement, sans faire part des quelques soucis à la maison qui seront reglés par cette croisière. Elle n'a pas besoin de tout savoir disons. « A merveille. Tout commence à merveille, j'ai envie de dire. J'ai du passer une demie journée à déballer mon dressing, mais disons que ça en valait la peine. Et pour les autres, enfin, pour ceux que j'ai vu je suis plutôt content de les revoir, même si, pour tout dire, ça fait un peu bizarre.» Je souris, c'est toute la vérité que je lui dis. Enfin, la vérité. Comme expliqué plus tôt, elle n'a pas besoin de savoir que cette croisière va permettre que je retrouve Blaine, que tout soit comme avant entre nous. Juste nous deux, ne nous quittant pas d'une semelle. Elle n'a pas besoin de savoir non plus que Rachel est là, et que bon, j'ai l'impression parfois qu'elle n'a jamais fait de croix définitive sur Finn. Et ma commande... Comme à l'habitude, j'ai envie de dire. « Et, huh, un Shirley Temple pour moi...»
Je la vois cacher le magazine derrière son dos, je ne devine pas vraiment pourquoi mais sincèrement... C'est idiot. Attention, je ne dis pas que la demoiselle est idiote, mais à ce point-là. Enfin, vraiment, ce n'est pas cacher ce catalogue de... Je ne sais même pas quoi en fait, qui fera disparaitre sa grossesse à mes yeux. Parfois j'ai l'impression que même Rachel à plus de tact. Ah, il faut vraiment que j'arrête de les comparer toutes les deux, je crois que Finn m'en voudrait un peu si je lui disais ça. Enfin... Ce genre de geste a toujours eu tendance à m'horripiler, et avec mon tact sans faille, je réponds, l'air gentil, avec un sourire, même si dans ma tête, je suis en train de bouillir. Je déteste vraiment qu'on me prenne pour un idiot.« Alors, alors que caches-tu dans ton dos ? Dis-moi tout...»

I don't want it to hurt, I want to be there, but it's so hard.

Je me mords la lèvre alors que je vois plus clairement ce qu'elle était en train de lire. Je pourrais l'aider. Je voudrais l'aider, ou au moins lui proposer. Mais c'est au-dessus de mes forces. Parce que je la jalouse profondément, parce qu'elle à là ce dont je ne peux même pas rêver. Jamais je ne serais là à me demander à quoi ressemblera notre bébé, à Blaine et moi, ou à lui chercher une chambre adorable. Jamais il n'y aurait de sourires, de mains posées sur le ventre à attendre un mouvement, ou un coup. Jamais je n'aurais cette preuve de l'amour de Blaine, qui nous lierait pour toujours. Jamais. C'est sûrement la seule chose que je regrette. Ne pas pouvoir lui donner ça. Je sens mes yeux se remplir de larmes à cette pensée. Mais non, non, je ne veux pas, je ne peux pas pleurer. On aura une famille un jour... Pas tout de suite, pas naturellement mais ça arrivera. Je ne peux pas partager cette détresse avec Hope. Me confier à elle semblerait tellement étrange quand on pense que Rachel est ma meilleure amie. Rachel qui la hait plus que tout au monde, ou quelque chose comme ça. Mon dieu, ma vie est décidément trop compliquée.
Je passe ma main sur mes yeux, l'air de rien, qu'elle ne remarque rien surtout. Je fais mine d'examiner son catalogue, faussement perdu dedans, faussement intéressé. Je ne veux même pas voir ces photos, parce que je sais que sinon, en rêve cette nuit j'y verrais un bambin aux cheveux frisés et aux yeux bleus. L'enfant que je n'aurais jamais. Ma voix est faible, malgré que j'essaye de le masquer, je suis décidément au bord des larmes. Je pointe du doigt une chambre plus qu'affreuse avant de regarder Hope dans les yeux. « Pitié, dis-moi que... Que cette chose n'est même pas envisagée... Et puis, de toute facon tu connais Finn huh ? Il fera tout lui-même j'en suis sûr. Mais tu devrais d'ores et déjà commencé à faire des croquis, ou quelque chose comme ça, je t'aiderais si tu veux.» Je lui propose mon aide pour la distraire. Qu'elle ne voit pas mes yeux vitreux. Je ne ferais rien, je ne pourrais rien faire. Au-dessus de mes forces.

I don't want it to hurt, I want to be there, but it's so hard.

C'est, je crois, sa folie créatrice qui me tue. J'exploserais presque, la regardant là, oubliant jusqu'au monde qui l'entoure, ne pensant plus qu'au futur merveilleux qui l'attend. Avec une famille, une petite fille, et Finn. Je n'en reviens pas, mais ça me brise. De voir des gens, des amis en train de se bâtir une vie comme ça, le genre de vie qui me rappelle tout ce que je n'aurais jamais. Que je n'aurais jamais ne serait-ce que la possibilité d'avoir. Je me mords la lèvre, presque jusqu'au sang, mais je n'arrive pas à empêcher ces foutues larmes de couler. Des larmes qu'elle ne remarque pas, j’espère, trop plongée dans ses dessins. Je ferme les yeux. Il faut que je reprenne cette foutue carapace, celle-là même qui m'empêchait de pleurer quand ces crétins au lycée me balançaient dans la benne à ordure. Il faut que je reprenne ce masque, ce faux sourire. Mais j'ai des sanglots dans la voix quand elle me montre le dessin fini. Il faut l'admettre c'est magnifique. Parfait pour une petite fille... Mais rien que d'y penser me fait vraiment souffrir. J'essaye de masquer tout ca au mieux, mais bordel ce que c'est difficile. Bordel ce que ça me fait mal. « C'est... C'est magnifique... Parfait pour... Pour votre princesse.» J'articule difficilement. Mon dieu, n'importe qui pourrait remarquer comme je suis mal en point maintenant, rien qu'à mes yeux éteints, rien qu'au son de ma voix. Mais je tente de faire comme si de rien était. Comme si tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme si je ne la jalousais pas à en crever.

I don't want it to hurt, I want to be there, but it's so hard.

Se prendre la vérité en pleine face. Même celle qu'on ne veut pas admettre, affronter, qui ne nous atteint que trop. Y être forcé, devoir s'y plier. La dernière fois que je me suis rendu compte de quelque chose comme ca, c'était au lycée, quand vraiment il n'y avait pas d'autre solution, quand j'ai du admettre pour de bon la vérité. J'étais, et je suis toujours d'ailleurs, gay. Mais je ne sais pas... Ça l'admettre, j'ai su vivre avec. J'ai même trouvé un homme formidable qui m'aime pour moi, qui m'aime vraiment, qui est tout, tout pour moi. Et avec qui je suis heureux, il faut bien l'avouer, qui me rend heureux. Mais cette vérité-là, qu'elle me jette au visage, elle fait mal, elle n'a aucun antidote. Comme un couteau planté dans le cœur, le genre de coup qui vous laisse pour mort. Blaine et moi, nous ne serons jamais un couple comme les autres, du genre qui à le choix. On le sait, le mariage gays a été légalisé à New-York ou nous vivons il y a quelques années. Ce qui nous laisse ca. Mais parfois je me demande s'il le veut... Passer le restant de sa vie avec moi. J'ai peur qu'il parte, qu'il me laisse. Mais je l'aime trop pour douter ainsi devant lui. Ce qui me fait mal surtout, c'est qu'elle le dise comme ca, qu'elle mette encore à l'évidence cette décision, ce choix qu'on aura jamais à prendre. Que nous n'aurons jamais de famille à nous. Que je ne serrerais jamais contre moi un bébé avec ma peau claire et le regard doré de mon Blaine. Jamais. Et elle le dit comme une évidence. Je le sais, je le sais depuis des années et combien de fois mon dieu, combien de fois n'ai-je pas retourné le problème dans ma tête, en vain ? Mais en vain, aucune solution rien. Jamais. Et l'entendre là, de sa bouche qui n'est pas la mienne. Mon Dieu que ca me fait mal. C'est se prendre comme une claque, un coup de poignard. C'est vrai, c'est tout. Irrévocable. Je me mords la lèvre. Il ne faut pas que j'éclate en sanglots, pas maintenant. Je ne peux pas. Et bien qu'elle me regarde, je ne peux pas arrêter ses larmes qui coulent le long de mes joues. Je ne sais plus quoi lui répondre. Et elle se lève. Continue. Je ne peux pas la laisser partir comme ca. Finn est mon frère après tout. Et elle n'y est pour rien, personne n'y peut rien. Je lève les yeux vers elle, tentant de sourire, même juste un peu. « Non... Attends... Hope... Excuse-moi s'il te plait. Enfin, vraiment... Désolé. C'est... Je sais que ce n'est pas de ta faute... J'ai pas envie de perdre une amie.... C'est juste que... Que savoir que je pourrais sûrement jamais... Jamais être père... Ca me fait mal... Mais, mais... T'inquiètes pas, enfin... C'est pas toi... C'est pas de ta faute, ni de celle de ta fille... C'est vraiment... C'est la faute de personne... Même si ca reste intenable» Je baisse les yeux. Je ne sais pas comment lui dire, comment m'expliquer, elle ne comprendrait pas au fond. Mais c'est vrai après tout, quoi que je puisse penser sur ses relations avec mon frère ou son bébé, Hope est mon amie. Et même si cette grossesse, comme tant d'autres autour de moi, me fait du mal, je ne veux perdre personne à cause de tout ca. Je sors un mouchoir de ma poche, séchant au mieux mes larmes, tentant de penser à des choses plus heureuses. Le sourire de mon Blaine, mon homme. Combien je l'aime. Qu'il est mien comme je suis à lui. Et que tout les deux nous pouvons être heureux, que nous n'avons besoin de rien d'autre. Mais c'est difficile à supporter, malgré tout...