La croisière. Quelle bonne idée ! Je me sentais bien à bord du paquebot. J’étais avec Quinn et Beth, nous pouvions profiter de nos vacances. Maya était là aussi. Je retrouvais peu à peu mes amis de lycée. Ils étaient tous étonnés de voir à quel point j’avais changé. Un bon compagnon pour Quinn, un père responsable… Pas le Puck d’avant, c’était certain. La soirée de la veille, je l’avais passée au cinéma avec Quinn et Beth. Une très belle soirée.

J’avais vu Finn au petit-déjeuner. Lui avait fait un passage au bar, et il m’a raconté comment était Maya. Ma petite sœur. Je dois avouer que ce que j’ai entendu ne m’a pas beaucoup plu. Je la couvais peut-être un peu trop, mais comprenez-moi, j’avais un peu dû prendre la place de mon père, donc… Je me suis rendu au bar dans la matinée, histoire de parler à Maya. J’avais décidé de me la jouer profil bas. Mieux valait ne pas la brusquer, y aller en douceur. J’eus un sourire en m’installant derrière le bar.

« Bonjour soeurette. Tu me sers un cocktail, s’il te plaît ? Je te fais confiance pour le choix. »

J’adorais ma petite sœur. Quand nous étions plus petits, je l’embêtais souvent, je devais bien me l’avouer. Mais ce n’était jamais méchant. Quand notre père s’était barré, j’avais toujours essayé de faire de mon mieux avec elle. De remplir à la fois le rôle de père et de grand frère. Pas facile du tout. Mais je l’aimais tellement que j’étais prêt à faire tous les efforts nécessaires pour qu’elle soit un tant soit peu heureuse. C’était sans doute pour ça que j’étais devenu un peu envahissant, parfois – ce qu’elle me reprochait régulièrement.

Installé au bar, j’avais bien l’intention de la cuisiner. Mais en douceur, sinon elle était capable de me virer de là sans concession. Maya me prépara un cocktail. Un peu tôt, sans doute, mais il fallait bien détendre l’atmosphère. J’avais prévenu Quinn, qui m’avait dit de laisser un peu ma sœur vivre – tout en sachant que je viendrai quand même là.

« Sans souci. Et merci. »

Je pris une gorgée du cocktail. Pas mal. Je n’y avais jamais goûté auparavant. Je cherchais ce que c’était, sans succès. J’attendrai d’avoir fini le verre pour dire à Maya ce que j’en pensais.

« Plutôt bien, merci. C’est génial, ici. Et toi, tu t’amuses bien ? »

Surtout, avoir l’air innocent. Maya n’était pas parano, mais pas idiote non plus…

Vous savez, parfois, les relations entre frère et sœur sont un peu compliquées. Il ne faut pas forcément chercher à les comprendre, c’était comme ça, point barre. J’avais toujours, toujours cherché à protéger Maya. La protéger de toutes sortes de choses. Quand elle était au lycée, j’avais en horreur les abrutis qui l’approchaient d’un peu trop près. Oui, vous me direz, de quel droit je me mêlais de sa vie comme ça ? Je devais quand même faire un peu office de père, pour ma défense. Et puis, n’était-ce pas la preuve que je l’aimais vraiment ?

Au bar, j’avais pris un cocktail qu’elle m’avait préparé, installé pour discuter avec elle. Heureusement qu’il n’y avait pas encore beaucoup de clients. Je pris une autre gorgée du cocktail, en appréciant toutes les saveurs.

« Pas mal, pas mal. »

J’avais demandé à ma sœur comment elle allait, si elle s’amusait bien ici. Ces questions apparemment innocentes cachaient mon envie de savoir ce qui s’était passé la veille. Après ce que Finn m’avait raconté… Je voulais juste que Maya fasse attention à elle, en fait. Elle débordait d’enthousiasme en me parlant de son boulot, de la croisière en général… Je la regardai en haussant un sourcil, puis j’esquissai un sourire. Celle-là, elle avait peur d’en avoir trop dit…

« Tant mieux si tu t’amuses. J’espère quand même que tu fais gaffe à toi, hein, soeurette ? »

Tranquillement installé derrière le bar, j’avais goûté le cocktail que Maya m’avait refilé, et c’était pas mal du tout. Quand je le lui ai dit, un grand sourire est apparu sur le visage de ma petite sœur. Je compris aussitôt qu’une fois de plus, je lui avais servi de cobaye. Avec une sœur barmaid, il fallait s’y attendre, non ? J’y étais habitué, depuis qu’elle était petite. Je n’avais jamais été empoisonné, c’était déjà ça, et ma petite sœur était capable de faire de très bonnes choses. Bon, c’était quand même assez flatteur, ça prouvait qu’elle pensait que j’avais bon goût. Je lui rendis son sourire.

« Toujours, oui, bien portant. Félicitations à toi, je suis sûr que tu épates tout le monde, ici. »

Je connaissais assez bien ma sœur pour savoir qu’elle profitait à fond de cette croisière. Boulot ou pas, elle affirmait se sentir en vacances. Et je la comprenais. Moi aussi, je me sentais très bien ici. J’avais enfin le temps de souffler un peu, de profiter de Quinn, de ma fille, de ma sœur. J’avais enfin retrouvé mes anciens camarades de lycée, mes anciens profs, et je pouvais chanter. Chanter, jouer de la guitare, ce qui me passionnait mais que je n’avais pas toujours le temps de faire. Oui, je m’amusais, mais d’une manière très différente de celle que j’avais quand j’étais encore un lycéen. Maya, elle, était plus jeune, et célibataire. Je voulais juste m’assurer qu’elle n’en faisait pas trop, tout en essayant de rester subtil – mais un Puck subtil, franchement ? Je me mis à rire quand elle me répondit.

« C’était pas ce que je voulais dire et tu le sais très bien. Enfin bon, Finn est passé par ici hier soir, et il m’a un peu raconté l’ambiance… Euh… Démente, qu’il y avait. »

« Eh bien, tu les épateras. J’en suis certain. »

Le sujet du cocktail était léger, agréable. Je savais que je m’engageais sur un terrain dangereux en parlant de la soirée de la veille. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, ce n’était pas parce que je voulais me mêler de sa vie privée – simplement parce que j’avais envie de la protéger. Un peu trop, peut-être ? Mais ce n’était pas quelque chose de nouveau. Ma petite sœur était grande, à présent. Mais elle restait ma petite sœur. Elle le resterait toujours. J’avais donc décidé d’essayer de lui parler, mais sans prendre un ton moralisateur et en essayant d’être un tant soit peu subtil. Parce que vous pouvez rire, mais quand on se prend la tête, elle fait vachement peur, Maya. Ma petite sœur pouvait se transformer en vraie tigresse. Elle n’était jamais méchante avec moi, non. Mais je savais que je devais me la jouer profil bas.

Maya me demanda ce que Finn avait dit exactement.

« Eh ben… Il a dit que tu étais bourrée, il a parlé aussi d’un jeune homme qu’il ne connaît pas… Oh, tu sais, je serai la dernière personne à te juger, j’ai fait des trucs bien pires dans ma vie. Mais t’es ma petite sœur et… Je voudrais simplement m’assurer que tu fais attention à toi. »

Enfin, nous en étions arrivés là où je voulais. Nous avions abordé le sujet que je désirais en venant ici. Je ne voulais pas que Maya me rende des comptes, non. Après tout, même si je m’étais beaucoup amélioré, je n’avais pas été un modèle quand j’étais plus jeune. Mais je voulais tellement éviter à ma petite sœur de commettre les mêmes erreurs que moi. Maintenant que j’avais arrêté mes bêtises, j’étais beaucoup plus heureux. Bien sûr, Maya était plus âgée que moi et devait profiter. Mais c’était mon rôle de veiller sur elle, et je le prenais très – trop ? – à cœur.

Ma petite sœur me parla d’un certain Sam. Je me redressai aussitôt, ma curiosité émoustillée. Mais avant que j’aie eu le temps de demander quoi que ce soit, Maya poursuivit en disant qu’elle était un peu éméchée, mais qu’elle n’avait pas couché avec Sam, qu’elle ne l’avait même pas embrassé, qu’elle ne faisait que s’amuser… Puis elle me rassura en posant sa main sur la mienne.

« Très bien, je te fais confiance. »

J’étais soulagé que ça ne tourne pas à la prise de tête. Je serrai un instant la main de Maya dans la mienne, avant de prendre un ton plus taquin.

« Et dis-moi, c’est qui, Sam ? Pas Sam Evans, l’ex de Quinn, quand même ? »

« Tu as intérêt ». Ça ressemblait bien à Maya de me dire ça, rien que pour me taquiner. J’avais beau être le grand frère, elle pouvait être la plus impressionnante de nous deux. Je lui tirai la langue pour l’embêter. Maya savait très bien que je n’avais pas l’intention de m’en aller avant d’avoir eu quelques explications. Non qu’elle avait des comptes à me rendre ! Mais bon, vous avez compris, quoi. Parfois, j’oubliais que ma petite sœur avait grandi. C’était aussi ma manière de lui montrer que je l’aimais, parce que j’avais du mal à le lui dire. Mais elle le savait, elle le savait très bien.

J’avais donc décidé de la cuisiner un peu à propos du jeune homme dont Finn m’avait parlé. Maya m’avait dit qu’il s’appelait Sam, ça m’a tout de suite fait penser à Evans du Glee Club. Mais Maya n’était pas allée à McKinley, donc elle ne pouvait pas vraiment savoir. Et puis, elle n’y serait pas allée en même temps que mes potes, donc…

« Oui, c’est vrai… J’ai pas encore revu Evans donc j’ai pas la moindre idée de ce qu’il est devenu… La dernière fois que je l’ai vu, au lycée, Evans avait des cheveux blonds qui lui tombaient devant les yeux, des yeux clairs, un physique d’athlète, une gueule d’ange, de grosses lèvres, à peu près ma taille… Il était sympa, j’avais rien contre lui, et il m’a même converti en fan de Justin Bieber… Si ça peut t’aider… »

Oui, Sam avait été dans l’équipe de foot, concurrençant Finn au poste de quaterback. Mais l’équipe de football de McKinley avait dû accueillir des tas de sportifs du nom de Sam, donc j’attendais la réponse de Sam.

« Ce qui m’intéresse, c’est de savoir, qui que ce soit, ce que tu penses de lui. Il te plaît ? »

Les garçons. C’était sans aucun doute l’un des seuls sujets que Maya n’osait pas vraiment aborder avec moi. Bon, c’était assez normal, vu comment j’étais vis-à-vis d’elle… Il faut dire qu’à son âge, j’étais un vrai Casanova, et parfois, j’oubliais que tous les mecs n’étaient pas forcément comme moi. Non, il y avait aussi des gars plus respectables comme Finn, comme Sam Evans, comme Mike Chang, comme Artie… En fait, comme à peu près tous mes camarades de lycée à dix-huit ans, en réalité. La seule chose que je craignais, c’était qu’on brise le cœur de ma petite sœur. Ça, je ne le supporterai pas. Je souhaitais vraiment qu’elle rencontre un jour le bon et qu’elle vive ce que je vis avec Quinn – j’entends, maintenant, parce que tout n’avait pas toujours été rose entre Quinn et moi au lycée. Je me demandais qui était ce Sam, si je le connaissais. Mais visiblement, ma petite sœur s’était arrêtée sur Justin Bieber. L’horreur !

« Tu peux toujours courir, il ne reste aucune trace de la seule fois où je me suis déguisé en Justin. Sam m’avait même fait une mèche sur un pull. C’était surtout pour les filles qu’on avait fait ça, c’est pathétique… Et s’il te plaît, trouve autre chose pour Noël, soeurette ! »

Je savais qu’elle plaisantait, j’avais juste envie de la taquiner. Pour redevenir sérieux, nous abordions le sujet des sentiments de Maya. Pour l’instant, elle semblait encore assez indécise, un peu perdue. Je lui fis un sourire réconfortant.

« C’est normal… Prends ton temps, je pense que tu sais à quel point ça peut faire mal… J’espère que tu me le présenteras, un de ces jours ! »

Maman. Nous ne parlions pas très souvent d’elle. Enfin, j’aimais bien ma mère, bien sûr. J’avais souvent été difficile avec elle, mais elle avait beau dire – après le départ de mon père, c’était moi qui l’avais aidé avec les tâches ménagères, et avec Maya, qui était encore petite. Juste que parfois, en parler, ramenait de mauvais souvenirs, toutes nos difficultés, les souffrances engendrées par le départ de celui qui disait être notre papa. Ça me rappelait mon ancienne vie, oui. Voilà pourquoi j’évitai le sujet, et préférai à la place prendre un air faussement offensé.

« Tu rigoles ! J’étais super en Justin Bieber ! Bon et puis plus sérieusement, personne aurait osé te faire du mal, si j’étais dans les parages… Ton frère était une vraie légende, oui, pas dans le bon sens… Mais avec le Glee Club, je me suis quand même amélioré ! »

Ma petite sœur. Dans ma vie, elle était indispensable, tout simplement. J’adorais l’embêter, mais elle me le rendait bien. Quand elle me tira la langue, je l’attrapai contre moi et fis mine de vouloir lui décoiffer les cheveux. Puis en riant, je la relâchai. Les marques d’affection, on connaissait pas trop chez les Puckerman. J’avais un peu changé avec ça quand Beth était arrivée dans ma vie, mais…

« A la limite, oui un T-shirt, c’est préférable ! »

Toutes ces plaisanteries n’étaient en réalité destinées qu’à éviter le vrai sujet, ses sentiments pour ce nouveau jeune homme dans sa vie, un certain homme. J’aurais bien voulu le voir, mais bizarrement, j’avais anticipé sa réponse. Je levai les yeux au ciel et éclatai de rire.

« Oh, je suis pas non plus un monstre ! Un petit interrogatoire serré, d’accord, mais c’est tout… Non, je plaisante. Bon, j’avais deviné ta réponse. Quand tu voudras, soeurette. Mais rappelle-toi que j’ai des espions sur le bateau… Non, me frappe pas, je rigole ! »

La famille, un autre sujet que Puck et moi abordons rarement, tout simplement parce qu'ils nous fait mal. J'ai peu de souvenirs de notre père, j'étais toute petite quand il est parti je ne le connais pas et puis Noah est le seul qui a tenu le rôle de protecteur dans ma vie. Notre père était plus son point faible à lui alors que le mien, c'est notre mère. Depuis ma dispute avec elle, je n'ai plus vraiment de lien alors qu'avant nous étions toujours unis tout les trois .. Bref, vous l'aurez compris dans la famille Puckerman, on fuit toutes les discussions concernant les sentiments avec des blagues (parfois pas très drôle) mais idéale pour faire diversion.

« Être la petite soeur du grand Noah Puckerman, ça aurait été trop de pression pour moi, j'aurai été obligé de faire des milliards de bêtises » Je ris. « Si ma mémoire est bonne, le glee-club ta fait passé au rang de looser, non ? En quoi c'était mieux pour ta réputation de gentil rebelle ? »

Je ris. J'adore l'embêter, c'est plus fort que moi, c'est tout. Je lui tira donc la langue et il m'attrapa pour me décoiffer. Certes, on aurait surement dit deux enfants de 8 ans qui se battent pour un gateau mais entre nous c'était tout à fait cela. On avait grandi, on avait changé mais on continuait nos enfantillages par moment. Des moments que j'aime bien, des souvenirs d'enfant en quelques sortes.

« Je prend note » Je lui fais un clin d'oeil et ris. « En plus, j'ai le sentiment que Beth va adorer cette histoire .. »

Embêter Noah, c'est marrant mais maintenant que j'ai parfois une alliée, c'est encore plus drôle. Sauf que fini les plaisanteries, revenons au sujet qui intéresse vraiment Noah et qui malgré mes efforts reviens sur le tapis à chaque fois. Il voulais que je lui présente, un bon moyen pour le faire fuir oui ! J'ai beau aimé mon frère, je sais parfaitement qu'il serait capable de faire fuir tous les garçons qui m'approchent juste pour pas qu'on me brise le coeur. Adorable, je le sais mais excessif.

« Un petit interrogatoire sérré ? » Je regarde avec un sourire en coin. « Tu plaisante ? Je suis sur que tu seras capable de le terrorisé juste pour être sur qu'il me fera rien, j'ai tort ? » Je ris. « Des espions ? Donc il y en a plusieurs .. Ils sont tous aussi discret que Finn et Quinn dis-moi ? »

Je me mis à rire. La petite sœur de Noah Puckerman à Mc Kinley… Oui, en effet, ç’aurait été assez comique. Maya disait que ç’aurait été trop de pression pour elle, qu’elle aurait été obligée de faire plein de bêtises. Moi, je pensais plutôt que personne n’aurait eu le culot de lui faire du mal. Je me souvenais encore que quand j’adressais la parole à ce cher vieux Jacob Ben Israel, sa voix se mettait à trembloter, et il affirmait en bégayant qu’il n’avait pas peur de moi. Pourtant, ça ne l’empêchait pas de me bombarder dans son journal, sur son site, etc. J’avais vraiment un truc contre lui, à l’époque, il causait trop de ravages. Mais Maya n’était pas comme moi. Je savais qu’elle n’était pas la plus sage du monde, mais elle n’était tout de même pas arrivée à mon niveau.

« Oui, avant le Glee Club, j’étais super populaire… Mais grâce au Glee Club, j’ai développé pas mal de qualités humaines indispensables… »

Je souris à Maya. Elle essayait par tous les moyens de changer de sujet, mais on ne me la faisait pas à moi. Je savais qu’elle aurait toujours de l’appréhension avant de me présenter le moindre petit ami. Mais j’avais quand même envie qu’elle le fasse.

« Oh, t’exagères, je suis pas si monstrueux ! » Je me mis à rire. Oui, pour ma petite sœur, j’étais prêt à faire n’importe quoi. Mais pas au point de vouloir casser la gueule du moindre mec qui s’approcherait un peu trop près d’elle. « Quinn ne t’espionne pas, détrompe-toi, elle veut que je te laisse tranquille… Quant à Finn… Et moi… J’avoue, on a des progrès à faire ! »

J’étais vraiment content de passer un moment avec ma petite sœur. Certes, nous vivions dans la même ville, à Los Angeles. Mais quand même, je n’avais pas tout le temps l’occasion de passer du temps avec elle. J’étais tellement occupé, entre mes études, mon boulot à mi-temps, ma fille… Du coup, j’étais ravi qu’elle soit aussi là, sur le bateau. Même si officiellement, elle était là pour travailler, je savais qu’elle en profitait pour s’amuser. Et même si quand on discutait ensemble, on passait notre temps à se taquiner, je m’en fichais. C’était comme ça que notre relation fonctionnait, et on s’entendait vraiment bien même si ça ne se voyait pas forcément.

« J’ai vraiment la petite sœur la plus gentille du monde ! Enfin, quand elle le veut… Non, je rigole ! »

Avec moi, Maya n’était jamais méchante, de toute façon. Bien sûr, elle adorait m’embêter, mais on pouvait dire la même chose de moi. Elle se fâchait parfois quand je la jouais grand frère surprotecteur, mais sans plus.

« Bien sûr que oui ! La situation l’exigerait, évidemment, je laisserai jamais passer ça. Pourquoi, un gars t’a déjà trompée ? »

J’étais peut-être un peu parano, mais je tenais à ma petite sœur comme à la prunelle de mes yeux. Les gars qui draguaient ma sœur, passe encore. Mais ceux qui ne voulaient que la mettre dans leur lit, ou ceux qui lui seraient infidèles… Alors là, oui, je deviendrai un vrai monstre !

« Tu sais que je l’écoute déjà beaucoup ? » Je me mis à rire. « Et te moque pas de Finn et moi, on fait de notre mieux ! »

Je n’avais pas toujours été un modèle pour ma petite sœur, loin de là, j’étais bien obligé de l’admettre. J’avais toujours essayé de lui cacher mes bêtises, mais je savais qu’elle était au courant de pas mal de choses, enfin en tout cas les plus évidentes : mon passage en centre pénitencier, mon ancien côté cancre et Dom Juan… Mais maintenant, j’essayais vraiment de lui montrer le bon exemple. J’avais une vie stable depuis plusieurs années. J’avais récupéré ma fille et j’estimais être un bon père, en tout cas j’étais toujours là pour Beth, je l’aimais bien plus que ma propre vie et je le lui montrais bien – je ne voudrais jamais commettre les mêmes erreurs que mon père. J’étais en couple avec Quinn depuis deux ans, et j’étais fidèle, je voulais vraiment que ça dure. Et puis, j’étais étudiant en pédiatrie… Oui, j’avais changé, mûri, et je voulais que Maya soit fière de son grand frère.

« En tout cas, je t’échangerai pour rien au monde, t’es la meilleure des petites sœurs, même si on s’en fait mutuellement voir de toutes les couleurs ! »

Je surprotégeais souvent ma petite sœur, oubliant qu’elle avait à présent dix-huit ans. Elle avait grandi, était devenue une ravissante jeune femme, et j’avais peur qu’elle ne devienne la proie de mecs comme celui que j’étais avant. Je venais juste d’apprendre qu’elle était déjà sortie avec un gars qui l’avait trompée, et je devais bien avouer que ça m’avait fait un choc. Il avait forcément blessé Maya, alors si je l’avais eu sous la main… Mais elle ne voulait pas en parler, et je hochai la tête en signe de compréhension, sans rien ajouter. En poursuivant la conversation, Maya me traita quasiment de vieux, ce qui me fit réagir. Je pris un air faussement outré, faisant mine d’être vexé.

« Hé ! N’exagère pas ! On a vingt-trois ans, pas soixante-dix non plus ! Ça t’amuse de me traiter de vieux rouillé, hein ? »